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Syndicat général de l'Éducation nationale et de la Recherche publique

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  • 10 avril 2006


    Le ministre a-t-il la langue fourchue ?

    Le ministre continue dans toutes ses déclarations publiques à vanter l’usage privilégié de la méthode syllabique.

    Dans la circulaire de rentrée 2006 la lecture, mesure quasi emblématique de la méthode De Robien continue à être marqué du sceau du double langage. On cite sur le même plan documents d’accompagnement pour la maternelle, les programmes modifiés, la circulaire “apprendre à lire” sans que l’on puisse déterminer une attitude concrète demandée aux IA et IEN.

    L’enseignement de la lecture a besoin d’être amélioré. Même si toutes les enquêtes montrent la progression des compétences en lecture des élèves depuis plusieurs dizaines d’années, les résultats actuels (15 % d’élèves en difficulté à l’entrée en sixième) ne sont pas satisfaisants.

    Face à ce constat, imposer au CP l’entrée dans l’apprentissage par le seul déchiffrage, comme le veut le ministre, n’améliorerait pas les résultats. Les pratiques des maîtres, appuyées sur les résultats de nombreuses recherches, visent en effet à prendre en compte la complexité de l’enseignement de la lecture. Tout à la fois, par un va-et-vient incessant au travers de multiples entrées, travailler l’envie de lire qui ouvre à la culture, la compréhension des mots et des phrases qui justifie les efforts des élèves, les compétences de déchiffrage qui libèrent l’esprit. Et cela bien avant et bien après le CP.

    Le ministre continue dans toutes ses déclarations publiques à vanter l’usage privilégié de la méthode syllabique.

    Pourtant les modifications du programme de l’école primaire concernant l’enseignement de la lecture, telles qu’elles ont été présentées au CSE du 22 mars sont très en deçà des premières propositions du ministère : elles permettent aux enseignants du primaire de développer des stratégies d’apprentissage diversifiées.

    Extraits de l’arrêté du 24 mars 2006 modifiant l’arrêté du 25 janvier 2002 fixant les programmes d’enseignement de l’école primaire. Au 2.4. « Apprendre à identifier les mots par la voie indirecte (déchiffrer) », la phrase : « La plupart des méthodes proposent deux types d’abord complémentaires : analyse de mots entiers en unités plus petites référées à des connaissances déjà acquises ; synthèse, à partir de leurs constituants, de syllabes ou de mots réels ou inventés. » est remplacée par la phrase suivante : « Pour ce faire on utilise deux types d’approches complémentaires  : analyse de mots entiers en unités plus petites référées à des connaissances déjà acquises, synthèse à partir de leur constituants, de syllabes ou de mots réels ou inventés. »

    Commentaire : à part la suppression du mot “méthodes la différence entre “abords complémentaires” et “approches complémentaires” semble relever de la querelle byzantine. Le nouveau paragraphe “programmation des activités” trop long pour être cité ici comporte des changements plus importants, mais rien de contradictoire avec des pratiques diversifiées et combinées de l’enseignement de la lecture.

    Mais qu’en sera-t-il réellement ?

    Le trouble semé dans l’esprit des parents, le dénigrement implicite des enseignants auront fait du mal à l’enseignement de la lecture.

    Poursuivre le travail d’explicitation, avec et auprès des partenaires éducatifs, est toujours de mise pour mettre en évidence d’un côté la complexité du travail pédagogique, de l’autre les visées politiciennes du ministre et de son entourage.

    Plus grave, il pèse sur les niveaux hiérarchiques, recteurs et IA, pour leur faire adopter une attitude coercitive, conforme à sa vision.

    La campagne initiée par le collectif responsable de la pétition " ... des réponses sérieuses " va entrer dans une phase plus intense, plus que jamais justifiée.

    DECLARATION COMMUNE Conseil Supérieur de l’Éducation - 22 mars 2006

    Les organisations soussignées ont refusé de s’inscrire dans le simulacre de concertation sur le projet de modification des programmes de l’école primaire. Elles condamnent vivement le rôle auquel est réduit le Conseil Supérieur de l’Éducation. Sur la forme comme sur le fond, cette instance est méprisée par le Ministre de l’Éducation Nationale.

    Sur la forme tout d’abord. Le CSE a pour objet de donner son avis sur les objectifs et le fonctionnement du système éducatif. Or, il en est aujourd’hui réduit à entériner les conséquences d’une circulaire qui a déjà fait l’objet de séminaires de formation !

    La démarche employée se situe à l’opposé de celle qui avait prévalu pour l’élaboration des programmes de 2002. Ces derniers avaient fait l’objet d’une consultation approfondie des enseignants, des formateurs, des chercheurs, des corps d’inspection et des parents d’élèves. C’est ainsi qu’aujourd’hui les programmes de l’école élémentaire constituent une référence pour l’ensemble des enseignants des écoles et servent de base à de multiples actions de formation. Ils méritent mieux que des modifications hâtives effectuées sans faire le bilan de leur mise en œuvre et sans qu’aucune évaluation des pratiques des enseignants sur le terrain n’ait été engagée.

    Sur le fond ensuite. Nos organisations protestent contre le double discours ministériel qui prévaut en ce moment sur le sujet de l’apprentissage de la lecture, sujet pourtant crucial pour l’avenir des jeunes. D’un côté les multiples interventions des représentants des personnels, des mouvements pédagogiques, des formateurs et des chercheurs ont porté leurs fruits et le projet d’arrêté que vous nous proposez marque plusieurs évolutions par rapport à sa version initiale soumise à la commission spécialisée des écoles :

    -  l’existence de deux types d’approche complémentaire, “ analyse de mots entiers en plus petites unités référées à des connaissances déjà acquises et synthèse à partir des constituants ”, est rétablie.
    -  le rôle de la maternelle et celui du CE1 sont précisés, rétablissant implicitement ainsi la notion de cycle.
    -  la nécessaire conjugaison du travail de lecture et d’écriture est rappelée.

    Mais d’un autre coté, le Ministre fait comme si ce nouveau projet n’existait pas. La confusion est totale entre ce projet et les récentes déclarations ministérielles. Le maintien de la circulaire du 5 janvier et les déclarations publiques sur le rétablissement de la méthode syllabique ou l’interdiction d’autres méthodes révèlent en effet la volonté d’imposer une démarche idéologique qui se sert de l’apprentissage de la lecture comme alibi : cette démarche, sous couvert de restauration de l’autorité, vise à faire de l’élève un individu passif auquel on ordonne d’apprendre, comme si l’injonction suffisait à le faire entrer dans les apprentissages. Elle jette du trouble dans l’opinion publique, du doute, de la défiance vis-à-vis de l’école. Elle est inadmissible.

    C’est pourquoi nous demandons au Ministre l’organisation d’une évaluation scientifique du travail effectué dans les classes concernant l’apprentissage de la lecture afin d’appréhender leur efficacité respective. Dans l’attente des résultats de cette évaluation, nous vous demandons de surseoir aux modifications envisagées.

    FCPE, SGEN-CFDT, SE-UNSA, SNUIPP-FSU, LIGUE DE l’ENSEIGNEMENT, FEP-CFDT, FSU,


    Accéder au document d’accompagnement des programmes "Apprendre à lire au CP" http://eduscol.education.fr/D0135/a...