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Réflexions


Rapport de l’Unicef sur la pauvreté des enfants dans les pays riches.

mercredi 6 juin 2012

Tandis que les mesures d’austérité et de réduction des dépenses sociales sont au cœur des débats dans le monde, un nouveau rapport de l’Unicef révèle l’ampleur de la pauvreté et des privations qui touchent les enfants dans les économies avancées.

rapport in extenso : http://www.unicef.fr/userfiles/UNICEF_Innocenti_Mesurer-la-pauvrete-des-enfants_2012%281%29.pdf

Caroline Eliacheff, Psychanalyste et pédopsychiatre dans sa chronique sur France Culture  :

« ...il est loin de se résumer à la position de la France qui certes, n’est pas brillante puisqu’elle arrive en 14ème position des 35 pays étudiés avec, selon les indicateurs des taux allant de 8 à 10% d’enfants pauvres ; les deux extrêmes étant l’Islande, sous les 5% et la Roumanie à plus de 70%.

Le rapport distingue deux paramètres : la pauvreté relative et la privation. Le premier indique le pourcentage d’enfants vivant dans un foyer dont le revenu est inférieur de 50% au revenu médian national. Or, celui-ci est fort différent selon qu’on vit en Bulgarie ou en Suède. La privation indique le pourcentage d’enfants privés d’au moins 2 des 14 critères indispensables définis par l’Union Européenne. La discussion autour de ces paramètres est au moins aussi intéressante que les résultats car ils ne sont pas gravés dans le marbre. Un seul exemple : s’il avait été décidé que le manquement à un seul critère de privation, comme le fait de manger des fruits et légumes frais tous les jours ou celui de disposer d’une connexion internet, suffisait pour définir la privation, le % d’enfants pauvres aurait explosé. A l’inverse, si la barre avait été placée à 3 critères, le % aurait paru anormalement bas. On conçoit également que ces critères dont 3 concernent l’alimentation, 2 l’habillement, 7 les jeux et loisirs, 2 la vie sociale sont tous subjectifs et demanderont à être révisés en fonction d’autres critères non moins subjectifs. Il n’empêche que comparer la pauvreté relative et le taux de privation montre que le taux de privation n’est pas toujours en relation, comme on pourrait s’y attendre, avec le niveau du revenu. Par exemple l’Allemagne et la Belgique qui ont un revenu par habitant comparable au Danemark et à la Suède ont des taux de privation 3 à 7 fois supérieurs. L’absence de commentaire sur cette disparité laisse ouverte toutes les suppositions sur la place que les enfants occupent dans ces différents pays.

Le rapport montre aussi l’importance des dépenses gouvernementales pour réduire la pauvreté. Nos gouvernants actuels ne vont pas avoir la tâche facile car la situation de la France est paradoxale : d’un côté, elle arrive en tête du pourcentage du PIB consacrés aux enfants sous forme de transferts d’argent, d’allègements fiscaux et de services. Non sans effet d’ailleurs puisque sans cet apport, le pourcentage d’enfants pauvres atteindrait pas loin de 20%. De l’autre, on constate qu’avec moins d’argent dépensé, d’autres pays font beaucoup mieux. La gauche hérite du système le plus coûteux et le moins efficace. Le réformer ne sera pas tâche facile. La seule bonne nouvelle en cette période de restriction budgétaire est que l’augmentation des dépenses n’est pas la solution. »


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