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Livrets de compétence : vers d’autres pratiques d’évaluation ?

mercredi 6 juin 2012

Partir de la pratique et faire confiance aux personnels

Les enseignants du primaire vont, d’ici la fin de l’année scolaire, faire face à deux échéances mobilisant beaucoup d’énergie : les évaluations CE1 et CM2 (passation, correction et synthèse) et la préparation du Livret Personnel de Compétences dans un contexte politique nouveau qui laisse beaucoup d’interrogations sur ce que vont devenir ces outils. Le Président élu a évoqué ces questions en les englobant dans la nécessité d’une loi de programmation et d’orientation pour l’École.

Des négociations s’ouvriront donc prochainement dont nul ne peut présager l’issue, mais dont chacun comprend bien qu’elles auront probablement des conséquences importantes sur nos pratiques professionnelles.

à écouter sur France Inter "Question d’éducation" par Emmanuel Davidenkoff : Comment noter sans humilier ? en cliquant ICI Un point de vue radicalement différent dans le Figaro "Les limites de l’évaluation des compétences à l’école"Une réaction de Philippe Watrelot danq sa revue de presse « ...apprendre demande un effort, tout le monde le dit. Philippe Meirieu le premier . Dans le discours de Rama Yade mais qu’on retrouve partagé par bon nombre de personnes, la confusion vient du fait qu’on assimile "effort" et "souffrance". Si apprendre demande un effort, on peut aussi apprendre sans souffrance excessive et même avec plaisir ! Quant à la fable selon laquelle "l’enfant est roi" et qu’ "on donne tous les pouvoirs aux élèves", elle vient de deux amalgames. Le premier est celui sur la formule "mettre l’élève au centre" dans la loi d’orientation de 89. Il faut d’abord rappeler que l’élève n’est pas "l’enfant". Si on parle de l’élève c’est parce qu’on place bien la relation d’apprentissage au coeur de l’école et que celle ci est toujours initiée par l’enseignant. Le deuxième amalgame vient du succès dans les années 70 des pédagogies non-directives. “Libres enfants de Summerhill" a été un grand succès de librairie et a durablement imprimé l’image de la "pédagogie" dans l’opinion publique... Or, ce n’est qu’un courant de la pédagogie très minoritaire. Les "pédagogies nouvelles" (au passage, ça fait 150 ans qu’elles le sont...) sont pour l’essentiel directives. En d’autres termes, elles supposent un projet de l’adulte sur l’enfant et la mise en place très rigoureuse de dispositifs pour permettre l’apprentissage. Freinet, d’une certaine manière, était super-directif !! »

Pour le Sgen-CFDT, c’est dans le cadre de cette réflexion globale qu’il faudra poser la question de l’avenir de ces outils et il sera évidemment très important que, dans ces débats, la voix des collègues soit entendue. Dans l’attente de ce débat nous appelons les collègues à utiliser les évaluations CM2 et le LPC selon le seul critère de ce qu’ils y voient d’utile pour les élèves, pour les enseignants et dans la relation avec les parents. C’est en équipe qu’il convient de déterminer la position qui sera la plus pertinente. Ces décisions d’équipes seront, pour les personnels, la manière la plus claire d’exprimer leur point de vue et autant d’éléments importants pour le débat à venir, afin que les outils donnés aux personnels servent à la réussite des élèves et non à l’autosatisfaction de l’institution.

Les déclarations indiquent que toute latitude sera laissée aux équipes pédagogiques quant aux évaluations, et c’est pour nous la bonne méthode. Parce qu’un outil doit faire autorité par lui-même et non par injonction hiérarchique, au cas où des équipes feraient l’objet d’interventions toujours possibles, visant à entraver leur réflexion ou à contraindre leur décision, le Sgen-CFDT interviendra auprès des autorités pour que la compétence des collègues en la matière soit respectée et reconnue.

Sgen-CFDT - 2012 évaluation et livret de compétences dans le primaire = Partir de la pratique et faire confiance aux personnels


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LE SOCLE COMMUN À L’ÉPREUVE DE L’ÉVALUATION

L’introduction de la notion de compétences doit conduire à rénover les pratiques d’évaluation

Depuis le début, le Sgen-CFDT n’a cessé d’attirer l’attention du ministère précédent sur le changement d’attitude qu’induit le socle commun. En particulier, l’introduction de la notion de compétences nécessite une approche différente de l’évaluation des acquis des élèves.

L’administration n’est pas entrée dans cette logique et continue à faire du socle commun un objet à part. Ainsi, la réforme du brevet consiste à ne rien changer et à ajouter une « validation » des compétences du socle aux deux types d’évaluation déjà en place : un examen terminal dans trois matières et le contrôle continu dans toutes les disciplines...

De la même façon, le « livret personnel de compétences », élaboré par la DGESCO (direction générale de l’enseignement scolaire) et les inpecteurs généraux, hésite entre document de certification,outil de formation et outil de communication aux parents. Deux versions de ce livret ont été expérimentées dans les collèges et écoles d’une circonscription par académie.

Chacune des sept grandes compétences du socle commun est déclinée en items qui sont validés à quatre moments de la scolarité obligatoire :

-  fin de cycle II (CE1),
-  fin de cycle III (CM2),
-  fin du cycle d’adaptation (6e)
-  et fin du collège (3e).

Cet exercice illustre bien la difficulté d’articuler le socle commun et les programmes, c’est-à-dire entre les compétences à faire acquérir et ce que l’on sait évaluer, l’une des deux versions ayant tendance à multiplier les sous-compétences, en mathématiques par exemple.

Lors de la première présentation de ce livret, le Sgen-CFDT avait plaidé pour une expérimentation sérieuse et transparente ; c’est sans doute pourquoi les circonscriptions qui expérimentent ne sont pas connues et que l’administration nous renvoie aux différents comités techniques paritaires académiques. Dans le même ordre d’idées,la DGESCO ne publie pas les livrets, mais seulement les « grilles de compétences » qui doivent permettre aux enseignants de remplir les livrets ! (grilles de référence sur Eduscol ici)

Il y a pourtant là un travail utile, voire indispensable, qui nécessiterait un temps d’appropriation par les équipes que le calendrier retenu et la confusion entretenue par le ministère ne permettent pas.

La version définitive du livret de compétences devait être arrêtée en juin 2008 et sa généralisation effective à la rentrée 2008.

Dans les faits pas de livrets de compétences dans les circos du Tarn et Garonne à la rentrée 2008.

Les livrets de compétences devraient être conçus comme des outils simples destinés aux familles. Cela répond à une observation du rapport de l’Inspection générale de l’Education nationale [1] « L’expérience montre qu’il est très difficile d’avoir avec les parents des échanges dans les mêmes termes que ceux que l’on tient entre professionnels. Cela n’est pas lié au statut social des parents ni à leur niveau d’instruction mais aux objectifs mêmes de ces échanges qui ne sont pas de même nature. C’est une situation évidente dans tous les domaines où des usagers, des patients, etc... ont à faire à des professionnels qui doivent d’une part penser et organiser leur pratique et d’autre part l’expliquer : cela passe par une reconstruction."

Dans les réseaux ambition réussite le livret de compétences (circulaire N°2006-058 du 30 avril 2006) est pensé pour les élèves : « Le livret de compétences est avant tout prévu pour être un outil de motivation de l’élève : « Ce livret permet à chaque élève de connaître son niveau de départ et les objectifs qu’il doit se fixer pour acquérir le socle commun de connaissances. L’objectif est de donner confiance aux élèves et de supprimer, par le recours à l’aide individualisée, tout redoublement » . Les livrets de compétences en expérimentation relèveront-ils ce défi ?

Livret scolaire vs Livret de compétences

Le rapport de l’Inspection générale donne des préconisations : « Quant au livret scolaire et au dossier scolaire utilisés dans la quasi-totalité des écoles et établissements, il est nécessaire de préciser son articulation avec le nouveau livret personnel de compétences afin d’en préserver les spécificités notamment dans l’évaluation au quotidien et dans l’organisation du suivi des élèves. Il s’agira de ne pas confondre ces différents supports, ni dans leur construction ni dans leur fonction.

La solution se trouve dans une coordination des différents outils d’évaluation et de pilotage pédagogique utilisés dans les écoles et les établissements. L’articulation doit se faire entre l’organisation de l’enseignement et la communication de ses résultats. D’un côté l’enjeu est d’organiser progressivement les apprentissages en classe en s’appuyant sur l’évaluation des compétences acquises par les élèves, de l’autre il s’agit de rendre compte des acquis des élèves concernant certaines compétences à certaines étapes sous une forme normalisée. Des supports différents doivent être développés avec des dénominations différentes si l’on veut remplir des fonctions différentes »... Pas simple !

L’inspection générale signale que l’outil informatique devrait permettre de gérer plus facilement cet ensemble pour éviter la surcharge de travail. On parle d’une version numérique du livret de compétences... à suivre...


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