Syndicat général de l'Éducation nationale et de la Recherche publique
La mise en place de l’APE aura 3 ans à la fin de cette année scolaire. Cet « OVNI » pédagogique lancé dans l’univers de l’école a suscité de très nombreux commentaires. Il nous a semblé nécessaire de faire un premier bilan.
Insatisfaisant pour les personnels Le contexte de l’instauration de cette nouvelle pratique pédagogique a induit une grande frustration. Ceux qui ont pu s’organiser comme ils l’entendaient sont, le plus souvent, satisfaits de cette approche plus individuelle et complémentaire de la pratique de classe. Par contre, le plus grand nombre, qui s’est vu imposer une organisation, a ressenti comme artificiel et autoritaire ce dispositif. Pour la majorité des collègues qui doit assumer 26 heures en 4 jours, l’intensification du travail est usante, bien plus que la semaine de 4 jours avec 12 jours de congés en moins qui existait auparavant. À ces questions horaires s’est ajoutée une lourdeur paperassière invraisemblable. Bien souvent, la hiérarchie a montré par ses exigences qu’elle était bien plus préoccupée de contrôler par le menu l’activité des collègues que de les accompagner dans une démarche innovante au service des élèves. La spoliation de cette part d’initiative prévue dans les textes constitue un véritable camouflet et à la profession, une négation honteuse du statut de cadre de l’Éducation qu’est le nôtre, et en opposition frontale avec la décision de recruter les futurs enseignants au niveau master 2 ! Fatigant pour les élèves Du point de vue des élèves, la crainte de stigmatisation avancée par certains ne s’est heureusement pas concrétisée. Nombreux sont les enseignants et élèves qui apprécient ces temps de travail en très petit groupe donnant du plaisir dans la relation pédagogique. Par contre, tous souffrent terriblement de la lourdeur des journées de classe, en totale contradiction avec le rythme biologique des enfants. L’avis du SGEN CFDT : Il faut changer le service des enseignants Pour une nouvelle conception du métier d’enseignant, nous revendiquons un service qui soit décompté sur l’ensemble des activités de l’enseignant : la classe, le suivi individuel, le travail en équipe ou dans l’institution. Pratiquer l’aide personnalisée par un dispositif pédagogique répond à un besoin, et constitue un premier pas vers la redéfinition du service enseignant, mais c’est insuffisant : il faut faire de ce type de pratique un élément à part entière du métier. Notamment pour que tous les élèves en bénéficient pendant leur temps d’école, de façon inégale selon leurs besoins mais de façon équitable par rapport à leur devenir. Cela signifie qu’il faut donner à chaque équipe un potentiel horaire en postes bien supérieur à un enseignant par classe. L’étude du Centre d’Analyse Stratégique (rattaché au premier ministre) qui indique que la France est dernière des pays de l’OCDE pour le nombre d’enseignant pour 100 élèves dans le primaire, conforte le bien fondé de cette revendication. Mais il ne suffit pas d’avoir plus d’équivalents temps plein, il faut aussi laisser aux collègues la liberté de s’organiser pour pouvoir dégager les temps d’accompagnement individuel nécessaires à chaque élève. Et il faut leur laisser le droit d’organiser ce temps scolaire de la façon la plus efficace selon les contingences locales. Autant il est logique qu’il y ait débat avec l’IEN, représentant de l’État, autour de cette organisation pour qu’elle soit cohérente avec le projet et compatible avec la situation matérielle, autant il est absolument contre productif de procéder par décision hiérarchique et de vouloir uniformiser a priori.
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