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  • 19 décembre 2011


    10 mesures pour des rythmes plus équilibrés

    10 mesures pour des rythmes plus équilibrés

    Afin de vous faciliter la lecture, nous reproduisons ci-dessous les propositions de la conférence et en caractères italiques les avis que nous portons.

    La journée

    1/ amplitude journalière identique pour tous les écoliers et collégiens :

    7 heures au moins, 8h30 pour ceux qui ne rentrent pas déjeuner chez eux.

    Horaires d’entrée et de sortie fixes et réguliers : 8h30 - 17h par exemple

    Fixer l’amplitude horaire commune est nécessaire pour bâtir un cadre national cohérent. Pour des raisons d’organisation du temps des familles, il paraît raisonnable de conserver la même pour l’école et le collège, étant entendu que cette amplitude décrit un temps de prise en charge et non un temps de travail des enfants, la capacité à soutenir un effort de concentration n’étant évidemment pas la même en petite section de maternelle et en classe de 3e. Cela nécessite donc une organisation avec les collectivités locales et les associations, d’autant que si on rapproche cette proposition et d’autres concernant la réorganisation de la semaine et de l’année, on en arrive à un temps annuel d’encadrement des enfants notablement augmenté qu’il n’est pas possible de faire assumer par les seuls enseignants notamment du primaire. Pour le Sgen-CFDT, réorganiser les temps de travail des personnels peut se discuter mais alourdir la charge globale annuelle de travail est absolument hors de question et ceci de façon totalement non négociable. Déterminer nationalement les heures d’entrée et de sortie nous semble discutable parce qu’il y aurait un sens à ce que cela soit renvoyé à des décisions de niveau régional. Les différences de rythme de vie des parents, et donc des enfants, sont significatives suivant que l’on habite Paris ou une zone rurale, 8 h 30 légales n’ont pas la même signification en termes d’heure solaire suivant que l’on habite à Strasbourg ou à Brest, ni en termes de conditions de température, lors des périodes chaudes par exemple, selon que l’on travaille à Lille ou à Perpignan.

    2/ limitation de la durée totale des cours :

    5 heures par jour à l’école élémentaire et pour les deux premières années de collège,

    6 heures par jour en classe de 4e et de 3e

    Limitation et progressivité de la durée des cours sont souhaitables mais ont des implications de plusieurs ordres : À l’école, il serait nécessaire d’intégrer dans le temps scolaire la prise en charge individualisée qui prend actuellement la forme de l’aide personnalisée. L’organisation actuelle de ce dispositif n’est pas satisfaisante mais le principe d’une attention personnelle donnée aux élèves en situation de fragilité et reconnu dans le fonctionnement ordinaire de l’institution est important pour la réussite de tous. Il ne faut pas qu’il disparaisse. Différencier la durée de travail scolaire entre un enfant de 3 ans et un autre de 11 ans semble aussi nécessaire. Au collège, réduire le nombre d’heures de cours ne sera pas bénéfique si c’est simplement pour augmenter le nombre d’heures de permanence. D’ailleurs les établissements ne disposent pas des personnels nécessaires. Il serait beaucoup plus utile que élèves les plus en difficultés puissent être pris en très petit groupes (deux ou trois, voire tout seuls si cela s’avère nécessaire) dans le cadre de l’accompagnement personnalisé sur quelques semaines ou plus, quand leurs camarades sont sur d’autres activités de groupe. Par ailleurs ces propositions ne seront vraiment bénéfiques que si les horaires ainsi dégagés donnent lieu à des propositions accessibles de prise en charge des enfants. Nous excluons totalement l’idée que la journée raccourcie puisse se traduire par la seule solution d’une remise à la famille plus tôt. Cela ne ferait que creuser les inégalités sociales et participerait d’une remise en cause du droit au travail des femmes, en particulier pour les milieux les moins favorisés. Ce qui serait un véritable recul de civilisation. Cette évolution nécessite donc au préalable négociation avec les collectivités et associations. D’autre part, la réduction d’horaire au collège devrait être l’occasion d’une mise en place du socle commun et d’une réflexion sur les champs disciplinaires au collège plutôt que de donner lieu à un conflit entre des disciplines dont aucune ne voudra réduire son horaire. Enfin, sur cette question de la durée totale des cours, la situation des lycéens nous semble mériter également une réflexion. Leur charge globale de travail est souvent très lourde, souvent bien au delà du temps de travail légal d’un adulte et il n’est pas légitime qu’elle soit en elle même un instrument de sélection.

    3/ 1 à 2 heures par jour d’accompagnement éducatif pour tous :

    2 heures par jour à l’école et en classe de 6e et de 5e au collège

    1 heure en classe de 4e et de 3e

    Il faut au préalable que le contenu de cet accompagnement éducatif soit étudié précisément et qu’il ne soit pas confondu avec l’accompagnement personnalisé qu’il est nécessaire de mettre en place par ailleurs. L’innovation utile que peut permettre l’accompagnement éducatif est de permettre une ouverture de l’École au travers d’activités culturelles, artistiques ou sportives à la fois complémentaires et différentes des activités pédagogiques et la prise en charge, en petits groupes,de l’aide au travail scolaire. Ces activités ne doivent pas être envisagées comme un désengagement de l’Éducation nationale, au contraire, elles sont l’occasion de démultiplier les pratiques culturelles, artistiques et sportives en liaison avec les enseignements dispensés à tous. Il est donc nécessaire de conduire ce dispositif dans le cadre de partenariats négociés avec les collectivités et associations. S’il s’agit seulement de généraliser de l’aide aux devoirs assurée par les enseignants, c’est contradictoire avec la réglementation sur les devoirs et de peu d’intérêt pour les élèves. De plus cela revient à faire financer une revalorisation des enseignants par un « travailler plus » dont nous récusons la légitimité.

    4/ pause méridienne qui ne peut être inférieure à 1h30 en principe à l’école et au collège, que les élèves rentrent chez eux ou non

    Cela n’a de sens que si l’on en tire toutes les conséquences : une pause méridienne longue n’est un progrès que si elle s’effectue dans un cadre adéquat, aussi bien pour le repas que pour les temps qui l’encadrent. Fixer cette limite horaire nécessite donc de s’assurer au préalable de la capacité et de l’accord des collectivités pour offrir aux enfants le cadre matériel nécessaire. Une réflexion est aussi à mener entre les conseils généraux qui financent actuellement de longs transports scolaire lors des pauses méridiennes et les municipalités qui accueillent les élèves dans les cantines. Concernant le repas, il conviendrait de modifier les formalités de financement de la restauration collective par les familles au collège : elles ne doivent pas avoir à faire de démarche auprès de l’assistante sociale pour être aidées mais le montant doit être initialement fixé par barème selon les revenus et le règlement mensuel au prorata des repas pris.

    La semaine

    5/ étalement de la semaine sur au moins 9 demi-journées, dont, à l’école élémentaire, une demi journée supplémentaire de trois heures d’enseignement (le mercredi ou le samedi)

    6/ limitation de la durée hebdomadaire d’enseignement :

    23 heures à l’école élémentaire et pour les deux premières années de collège

    Ces deux propositions appellent un avis regroupé : pour les élèves, cet étalement d’une charge de travail limitée conduit à un allègement des journées. C’est une bonne chose si les temps compris entre le temps scolaire et le temps familial font l’objet d’une offre éducative réelle et surtout très accessible voire gratuite pour les familles les moins favorisées. Ce qui implique avant d’en décider de prendre la garantie que des solutions pourront être négociées partout avec les collectivités et les associations.

    L’année : une répartition des temps plus régulière

    7/ une année organisée en 38 semaines d’école et séquencée en 5 périodes d’enseignement d’une durée comprise entre 7 et 8 semaines :

    8 semaines de petites vacances sur 4 périodes de 2 semaines

    6 semaines de vacances d’été

    Une année plus équilibrée est souhaitable pour les élèves. Le projet a pour conséquence une réduction de la durée des vacances d’été de deux semaines. Ce type de réorganisation a déjà été expérimenté dans le cadre d’organisations en semaines de quatre jours avant 2008 et il faut en tirer les enseignements.

    • Tenir compte de l’absentéisme important qu’on a pu constater sur ces périodes travaillées de juillet ou août. Soit il est possible de le réduire fortement, soit l’allongement de l’année risque fort de n’être qu’un affichage sans intérêt réel.

    • Réfléchir sur les questions d’organisation des examens et de préparation de la rentrée qui doivent pouvoir être assumées sans remettre en cause le droit à congé des personnels, d’encadrement notamment.

    • Négocier avec les collectivités la possibilité d’effectuer les gros travaux d’entretien durant ces 6 semaines.

    • Réorganiser l’année doit se faire sans alourdir la charge globale annuelle de travail des personnels. C’est ainsi que s’étaient construites les organisations à quatre jours (avant 2008) et nous n’accepterons pas une année plus longue sans la contrepartie de journées et de semaines réellement moins lourdes.

    Une période supplémentaire de deux semaines pourrait aussi être un temps différent sous la forme d’une école ouverte obligatoire pour tous les établissements, élaborée par le conseil pédagogique, notamment fin août pour aborder l’année dans un climat de réussite. Cette école ouverte permettrait du côté des élèves une réappropriation de leur établissement comme un lieu de vie, lors d’activités pédagogiques et éducatives abordées différemment. Et du côté des enseignants il serait possible de choisir entre différentes options pour compléter leur service, toutes utiles :

    • Participer à l’école ouverte,

    • Prendre en charge une mission spécifique dans les musées ou les lieux culturels de proximité,

    • Construire des cours en binôme avec un collègue, pour un meilleur suivi des élèves

    • etc.

    Ce temps d’école ouverte aurait l’intérêt d’être un moment privilégié pour faire installer et faire vivre le projet éducatif local et l’ensemble des partenariats sous-jacents.

    8/ une organisation concertée et régulière, sur la semaine et sur l’année, pour les travaux et contrôles demandés aux élèves, notamment au lycée

    Il faut progresser dans ce domaine pour permettre une meilleure appropriation de leur parcours par les jeunes, mais cette logique implique qu’on insère dans la démarche les contrôles en cours de formation à visée diplômante. Là encore, la condition c’est d’en tirer les conséquences : cette organisation concertée exige un travail en équipe régulier que nous approuvons mais dont nous demandons qu’il se traduise par une redéfinition du service des enseignants pour être reconnu comme partie intégrante de leurs missions.

    9/ une division de la France en 3 zones pour toutes les vacances sauf celles de Noël.

    Une plage commune est maintenue pour l’ensemble des zones entre le 13 juillet et le 16 août

    C’est probablement la conséquence nécessaire des dispositions envisagées précédemment. Ce qui ne signifie pas que cela soit simple et cette division en 3 zones ne doit être envisagée que si elle s’avère nécessaire pour parvenir à mettre en place le nouvel équilibre négocié. Il faut au moins que cette complication pour les familles soit la contrepartie d’un projet crédible d’amélioration des rythmes. Et il faudrait assortir cette mesure de l’engagement d’avoir une visibilité à trois ans, donc de débattre chaque année « n » du calendrier scolaire pour l’année « n + 2 ».

    Un partenariat modernisé

    10/ une gouvernance et un partenariat renouvelés entre l’État et les collectivités territoriales, les enseignants, les familles, les établissements nationaux, les associations.

    Ce partenariat modernisé est une urgence mais il ne doit pas être une conséquence de nouveaux rythmes scolaires. Il doit au contraire être initié pour construire ensemble ces nouveaux rythmes. C’est pour nous la condition majeure de la réussite de tout projet de réforme des rythmes scolaires.

    En conclusion

    Les avis que porte le Sgen-CFDT conduisent presque toujours à la nécessité de négocier. Nous ne croyons pas à la possibilité que quiconque élabore seul une avancée réelle dans ce domaine. Il ne s’agit pas d’une question seulement interne à l’Education Nationale, même si elle a évidemment des conséquences importantes dont il faudra tirer les conséquences, en termes de programmes d’enseignement par exemple.

    Pour améliorer les rythmes des enfants et des jeunes au service de leur réussite, il n’existe pas de solution idéale mais un seulement un nouvel équilibre à construire entre toutes les parties prenantes. Il ne suffit pas de réorganiser le temps de travail des personnels de l’Education Nationale.

    Il faut aussi que cette réorganisation soit compatible avec les contraintes vécues par les parents . Il faut encore coordonner ce travail avec l’engagement des collectivités locales, des associations d’éducation populaire, culturelles, sportives...

    C’est la raison pour laquelle nous ne formulons depuis des années qu’une demande, celle d’une négociation réunissant tous les acteurs politiques, éducatifs, sociaux, économiques ... susceptibles de concourir à la définition de ce nouvel équilibre des temps de l’enfant.

    Pour que cette négociation soit réellement ambitieuse en termes d’adaptation des rythmes à notre temps et à nos ambitions de réussite, il faut qu’elle soit approfondie, transparente et qu’on prenne le temps de construire le consensus national nécessaire.